Dérivé du grec “ergon” (le travail) et “nomos” ( les normes), l’ergonomie vise à adapter les conditions de travail de l’Homme pour favoriser une réalisation liant santé, performances et qualité. L’ergonomie s’attache aux considérations physiques, cognitives, sociales, organisationnelles et environnementales liées à la réalisation des tâches. Cette démarche lie des connaissances scientifiques, croisant des données issues d’analyses de situation de travail existantes, des principes relatifs à la connaissance de l’être humain, ainsi que des informations issues de simulations.
L’ergonomie vise donc à favoriser un bon déroulement et procédé de travail en évitant les effets néfastes sur la santé, les erreurs, les accidents et les tensions psychologiques. En adaptant les postes de travail, les équipements, l’emploi du temps ainsi que la répartition des tâches, l’ergonomie est réalisée dans une approche participative et compréhensive. La communication est au centre des ses préoccupations : mieux comprendre les besoins des salariés pour leur proposer des outils adaptés.
Une démarche liée à la qualité de vie au travail (QVT)
L’ergonomie possède trois principaux pôles. L’ergonomie physique se penche sur les liens entre les champs anatomiques, biomécaniques, anthropométriques, physiologiques, biomécaniques et l’activité physique englobant les postures, la manipulation d’objet, les mouvements, la sécurité et la santé au travail. L’ergonomie cognitive quant à elle, est axée sur les processus mentaux liés à la mémoire, la perception, les raisonnements et réactions motrices, englobant notamment les prises de décisions et le stress professionnel. Enfin, l’ergonomie organisationnelle s’intéresse aux systèmes sociotechniques incluant les rapports hiérarchiques, le travail d’équipe, la culture organisationnelle, la gestion des ressources, la communication, le règlement… Dans le cadre de la conception de projets, les équipes doivent se sentir écoutées et valorisées. L’amélioration des conditions de travail, du confort et de la sécurité des employés permet d’obtenir de meilleurs résultats : moins de stress, une réduction des maladies professionnelles, une simplification des processus de travail.
L’organisation du travail face aux troubles musculo-squelettiques et aux risques psychosociaux
Quand on sait que 85% des maladies professionnelles sont dues à des troubles musculo-squelettiques, il s’agit d’un enjeu prioritaire. Les TMS sont d’origine plurifactorielle (stress, mauvaises postures, sédentarité), et sont la preuve de la nécessité d’agir sur la manière de gérer l’environnement au travail, qu’il s’agisse d’espace ou d’organisation. Ils se manifestent par des douleurs chroniques et des blessures telles que les tendinites, le syndrome du canal carpien, l’épicondylite…
Les risques psychosociaux leurs sont également liés, puisqu’ils émanent en général des conflits et des situations stressantes au travail empêchant parfois de réaliser, seul ou en équipe, correctement le travail. Toute durée confondue, 25% des arrêts maladies sont dus à des TMS, et 18% à des troubles psychosociaux ou un épuisement professionnel. L’absentéisme étant le premier marqueur d’une mauvaise qualité de vie au travail, et considérant que l’ergonomie des postes peut fortement contribuer à faire baisser ce chiffre, il est impératif d’opérer des campagnes préventives et de mettre en place des moyens à long terme.
Les troubles musculo-squelettiques sont la plupart du temps provoqués par des gestes répétitifs, des efforts excessifs ou de mauvaises postures. Un maintien du dos inadapté, un manque de mobilité et trop de pressions exercées sur les articulations causent des dommages réduisant la qualité de vie et les performances des employés, affectant souvent fortement le moral. Les risques psychosociaux sont quant à eux souvent multifactoriels : problèmes personnels, tensions, conflits ou harcèlement au travail, manque d’estime de soi et de productivité… Couplé à des TMS ou pas, la situation en devient vite ingérable : c’est le burn-out. La pression ressentie est trop forte, les résistances lâchent. Chercher à améliorer les conditions et l’environnement au travail peut avoir un impact très positif sur ces risques, et même en prévenir les effets.
Ergonomie au travail : une obligation légale pour la direction
Protéger la santé des salariés et les préserver des maladies liées au travail est une préoccupation majeure du gouvernement. Grâce à l’article L4121 du Code du travail, l’employeur doit s’assurer que le lieu de travail du salarié est adapté à son activité, et qu’il est protégé physiquement de toute blessure éventuelle liées aux TMS. Le Code du travail prévoit, dans les articles L 4121-1 et L 4121-5, plusieurs dispositifs quant à la santé mentale et physique des actifs. La direction doit être tenue de mettre en place toutes les mesures nécessaires, telle que la prévention des risques liées aux différentes professions, une formation et une mise en garde contre les gestes à risque, l’installation de moyens permettant de limiter les dangers pour l’employé sur son lieu de travail, l’adaptation du temps d’activité…
En ce qui concerne l’employeur, une étude menée par Malakoff Humanis en 2019 sur l’absentéisme indique que 63% des dirigeants souhaiteraient être accompagnés sur la détection des facteurs de risques d’arrêts de leurs employés, et sur la prévention des troubles musculosquelettiques et des risques psychosociaux.
Parmi les paramètres à étudier lors de l’analyse d’un poste de travail, les dimensions, les espaces de mouvement et de sécurité, la surveillance, la maintenance et les modes opératoires sont à évaluer précisément. L’environnement de travail, incluant les nuisances sonores, la température, l’éclairage, la propreté ; doit lui aussi être adapté au type de travailleur, ainsi qu’à ses objectifs et sa santé. Les écrans provoquent souvent des dommages aux effets prolongés (douleurs musculaires, troubles de la vision, fatigue chronique…) lorsque les contraintes et recommandations ergonomiques sont ignorées. Des pauses régulières ainsi qu’un environnement adapté peuvent cependant pallier ces maux.
La direction peut solliciter un médecin du travail pour mettre en place des mesures de prévention et d’actions concrètes. Il est le référent santé et prévention de votre entreprise, et peut dans le cadre de missions étudier l’ergonomie des postes de travail et apporter des recommandations concernant l’aménagement de postes existants. Des professionnels de la santé peuvent également intervenir auprès des salariés pour encourager une meilleure gestion du travail, et proposer des activités physiques adaptées pouvant diminuer l’impact des TMS (étirement, renforcement musculaire…)
Sources :
Malakoff Médéric Humanis : Étude Absentéisme 2019
Code du travail :
• L4121-1 Obligation de résultats « Tendre à l’amélioration des situations de travail »
• L4121-2 les 9 principes généraux de prévention, le 4ème étant « Adapter le travail à l’homme »