Une grande partie des actifs consomment en semaine la moitié de leurs repas principaux sur leur lieu de travail. Pour causes : l’éloignement du domicile, les journées continues, le gain de temps que cela représente… les raisons sont multiples. Une alimentation saine, couplée à une activité physique suffisante, se doit d’être intégrée aux préoccupations des employeurs, la nutrition impactant les conditions de travail, la santé et la productivité des employés, et doit faire l’objet d’une attention à la hauteur de son importance.
Un enjeu de taille pour la santé
Influencé par le rythme et le type de travail, les repas d’affaires ou les déplacements, un déséquilibre alimentaire présente de nombreux méfaits pour la santé. La nutrition joue un rôle majeur dans l’apparition et le développement de nombreuses maladies dont les origines ne sont pas toujours bien identifiées : pathologies digestives, ostéo-articulaires, thyroïdiennes, dermatologiques, respiratoires, neurologiques (déclin cognitif), cancers, maladies cardiovasculaires, diabètes (3,7 millions de diabétiques sont traités en France en 2015). Ces troubles liés à l’alimentation représentent une cause majeure de décès (80% des causes de décès prématurés par maladies non transmissibles ), et constituent surtout une cause majeure de dégradation de la qualité de vie. L’alimentation est pourtant un facteur évitable de mauvaise santé, d’où l’importance de la prévention.
Conditions de travail et alimentation
L’environnement et les conditions de travail sont au cœur de l’alimentation des employés. La santé nutritionnelle doit donc s’appuyer sur les besoins spécifiques des individus, les travailleurs de nuit souffrent souvent d’une mauvaise nutrition : consommation excessive de boissons énergisantes comme le café, décalage dû aux horaires de travail… On estime que 20% des salariés travaillent de nuit ou en travail posté (travail en équipe successives alternantes). Ce type d’organisation du travail modifie le métabolisme des lipides et peut provoquer une augmentation du taux de cholestérol et une prise de poids. Les heures de pause se doivent d’être régulières et longues, pour éviter les grignotages.
Certains déplacements professionnels peuvent aussi perturber l’équilibre alimentaire : trajets trop fréquents, repas d’entreprises, foires, réceptions à la consommation d’alcool excessive, etc. En ce qui concerne les salariés en télétravail, il est important de leur rappeler l’importance d’une alimentation équilibrée, et des pauses conséquentes (et non de quelques minutes devant le poste de travail).
La répartition alimentaire dans la journée, le temps et la structure consacrés aux repas ne doivent pas perturber le rythme des actifs. Il est primordial que les lieux de restauration soient séparés des lieux de travail et dans des conditions propres et confortables (mise en place de réfrigérateurs, fontaines à eux, fours à micro-ondes…), tout en conservant une distance psychologique entre le moment dédié au travail et celui consacré à la pause repas. Leur durée se doit d’être suffisante pour permettre une bonne digestion et un réel sentiment de détente et de coupure. Il s’agit d’accompagner les collaborateurs vers un mode de vie qui impacte positivement leur santé et leur action sur l’entreprise à travers un mode de consommation réfléchi. Un espace éco-responsable avec le minimum d’utilisation de vaisselle jetable, un tri sélectif et les encouragement vis-à-vis du fait maison peuvent eux aussi responsabiliser l’entreprise et les individus vers une conscience écologique alimentaire.
Les règles diététiques partagent les trois grands types de nutriments (glucides, lipides et protides) et déconseillent l’ingestion excessive de lipides et de glucides rapides ( aliments sucrés, fritures…). Il est primordial d’adopter une alimentation variée incluant des sources de protéines et de fibres alimentaires suffisantes au bon fonctionnement de l’organisme. Un excès de nourriture inclut une somnolence due à de trop forts apports glucidiques, tout comme un manque d’apport peut provoquer un malaise hypoglycémique.
L’importance de la prévention et de la surveillance médicale
La visite annuelle d’un médecin du travail peut représenter un moyen pour les employés d’accorder de l’importance à leur santé. Dans les établissements d’au moins 50 salariés, les Comités d’Hygiène, de sécurité et de conditions de travail (CHSCT) ou bien le médecin du travail peuvent alors rappeler les mesures diététiques adaptées aux individus, ainsi que l’hygiène de vie qui leur est conseillée. Des bilans biologiques et des électrocardiogrammes réguliers sont préconisés pour les employés présentant des prédispositions aux hyperlipidémies, anomalies diabétiques etc.
Les campagnes de sensibilisation et de prévention aux bonnes habitudes nutritionnelles peuvent être mises en place simplement en entreprise. L’affichage de conseils nutritionnels sur les lieux de repas doit être couplé à l’intervention de professionnels et de réunions de sensibilisation autour de l’image de soi, des problèmes de santé liés au déséquilibre alimentaire, à la “malbouffe”, mais aussi à la sédentarité.
La crise écologique et l’urgence climatique entraînent ces dernières années une prise de conscience accrue et un changement du comportement d’un grand nombre de consommateurs. Le marché du bio se développe aussi en entreprise, ainsi que la lutte contre le gaspillage alimentaire. Là aussi, les entreprises ont la possibilité de sensibiliser les équipes par des actions ou des intervenants adaptés aux circonstances.
Nutrition et performances des travailleurs
La nutrition représente un sujet de réflexion majeur en entreprise et constitue un levier insoupçonné de cohésion et de performance, en plus de son importance pour la santé des travailleurs. L’alimentation est la première source d’énergie : une bonne hydratation permet de rester alerte, et un bon équilibre nutritionnel a des effets sur l’humeur et sur la capacité d’attention. Certains aliments sont réputés pour apporter beaucoup d’énergie : fruits secs, agrumes, bananes, avocats, gingembre… Des boissons comme le thé vert, contenant de puissants antioxydants, sont aussi à prioriser face aux breuvages sucrés. Les aliments riches en B12 et en acide folique impactent eux aussi positivement le système nerveux. On retrouve cette vitamine dans la viande, la volaille et les produits laitiers, ou bien sous forme de compléments alimentaires. L’alimentation joue un rôle majeur dans la prévention des TMS (troubles musculo-squelettiques) : certains aliments (comme les oléagineux ou les poissons gras) renforcent par exemple la santé de nos articulations grâce à leur teneur en Oméga 3, des acides gras polyinsaturés qui constituent une arme efficace contre l’inflammation. Les cartilages étant constitués à 75% d’eau il est également primordial de bien s’hydrater. Les antioxydants comme certaines vitamines, les caroténoïdes, et les polyphénols ont également le mérite de neutraliser les radicaux libres, des substances agressives contre l’organisme fabriquées par nos cellules au contact de l’oxygène qui favorisent notamment le vieillissement prématuré et le développement de TMS.
D’autres sont mêmes réputés anti-stress, comme le chocolat noir qui est un anxiolythique naturel. Des denrées auront quant à elles tendance à entretenir le stress, sans en être la cause directe. C’est le cas du sucre, dont la consommation réduit la production de sérotonine, une hormone essentielle au bien-être. Quant aux excès de sel, ils favorisent une mauvaise absorption du potassium, un minéral essentiel au bon fonctionnement de notre système nerveux, et perturbent notre système neurologique, ce qui peut aggraver un état de stress ou une anxiété chronique. Les aliments riches en graisses comme les frites, la charcuterie ou les viennoiseries, auraient eux aussi tendance à être liés à une aggravation des troubles dépressifs selon une étude publiée dans PLOS, notamment à cause de leur concentration en acides gras trans.
En complément d’une activité physique, de bonnes habitudes alimentaires constituent donc un pilier de la santé et de l’efficacité au travail : un individu en bonne santé sera plus performant, aura un meilleur état psychologique et présentera moins de risques de troubles dépressifs et musculo-squelettiques.
Sources :
Fédération française des diabétiques – les chiffres du diabète en France, 2018
IARC (2018). Les cancers attribuables au mode de vie et à l’environnement en France métropolitaine. Lyon: International Agency for Research on Cancer.
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